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Cali Thornhill Dewitt - Interview

lundi 18 mai 2015, par Michael Dupouy

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Rencontre avec Cali Thornhill Dewitt, àl’occasion de sa première exposition en France.


Quel est ton parcours ? À quel moment de ta vie t’es-tu tourné vers la création artistique ? 

Je suis né au Canada, ma famille et moi, nous nous sommes installés à Los Angeles quand j’avais 3 ans. Je suis issu d’une famille où la création est essentielle. L’expression artistique m’est donc venue naturellement à un très jeune âge. J’ai arrêté l’école quand j’avais 16 ans et j’ai passé les dix années qui ont suivi à me droguer quotidiennement. Je me suis sorti de cette vie par la force de l’art et j’ai souvent l’impression d’avoir vécu plusieurs existences.

 

 

Ton travail semble à certains égards activiste ou en tout cas anti-consumériste. Mais la présence de fleurs indique aussi douceur et espoir. Comment expliques-tu ce contrepoint quasi-romantique ? Parlerais-tu de sarcasme ?

Les fleurs sont là principalement pour signifier une fin, des funérailles… Un bouquet de fleurs posé sur une pierre tombale à un mémorial, vous voyez ? Alors oui j’imagine qu’il y a en effet une pointe de sarcasme dans l’ensemble de mon oeuvre mais il y a aussi beaucoup de romantisme. Je trouve que la survie est romantique…

 

Comment choisis-tu tes supports ? S’agit-il de plastique ? de vinyle ? Pourrais-tu nous décrire ton processus de création d’un point de vue technique ? 

Les fleurs sont là principalement pour signifier une fin, des funérailles… Un bouquet de fleurs posé sur une pierre tombale à un mémorial, vous voyez ? Alors oui j’imagine qu’il y a en effet une pointe de sarcasme dans l’ensemble de mon oeuvre mais il y a aussi beaucoup de romantisme. Je trouve que la survie est romantique…La plupart des “signs” et la majeure partie de mon travail est faite de plastique et de vinyle : l’ordure moderne et indestructible ultime. Mon oeuvre se constitue donc à partir de la matière-même qui détruit notre planète. Une matière toxique, qu’on jette mais qui ne s’érode pas. C’est la matière qui crée ces îles de déchets flottants dans l’océan… Une matière permanente, indélébile.

 

 

Comment te positionnes-tu par rapport à la création d’une artiste telle que Barbara Kruger ?

J’aime beaucoup le travail de Barbara Kruger. Je n’oserais jamais comparer mon travail au sien ; je n’ai pas un égo suffisamment grand ! J’ai évidemment beaucoup de respect pour son travail que j’admire depuis toujours.

 

Comment te viennent à l’esprit tes slogans ?

Chacun d’entre eux me vient en lisant et en prenant des notes : des livres aux journaux en passant par des enseignes dans la rue dont je m’abreuve à longeur de journée.

 

 

Il y a une forme de langage urbain dans ton travail, est-ce que tu as cotoyé des milieux underground, est-ce que ton rapport à la rue est intime, tu nous en dirais plus ?

J’ai connu la rue probablement plus que quiconque oui... Mais je ne voudrais pas prétendre être celui que je ne suis pas. Le fait est que je suis un blanc qui vit en Amérique, et que, de fait, je suis un privilégié. Si je me retrouve dans la rue, c’est par choix ou parce que des décisions que j’ai prises m’y ont mené.

 

Quel est ton lien à la publicité ? Ton travail pourrait être comparé à une forme de publicité, serait-ce une façon de la détourner ou de t’inscrire dedans ? 

Je la critique c’est sûr, mais je suis aussi fasciné par la pub. Je l’aime autant qu’elle me dégoûte. Je suis profondément influencé par elle. Ce que je crée se veut être une publicité pour la vie contemporaine.

 

 

Lorsque tu utilises le vocabulaire de la croix, est-ce que tu pointes du doigt un rêve américain dévoyé ?

Je vois la croix plus comme une cible !

 

 

Tes sweat-shirts connaissent un large succès, ils font penser à ceux de Keith Harring, est-ce une source d’inspiration pour toi ?

J’adore Keith Haring mais les t-shirts que je crée ne sont pas directement influencés par lui. Plutôt par les gangs de Los Angeles, des années 80, début des années 90. Je les ai toujours trouvés extrêmement puissants et quand ils ont disparu (ces t-shirts ndlr), car le style évoluait ainsi que la technique, j’ai voulu les faire exister, les rendre vivants à nouveau.

 

Où trouves-tu tes supports en plastique ou en vinyle ? Tu les recycles ?

Je travaille avec un fabricant de panneaux publicitaires downtown, il a tout le matériel. Ce n’est pas du tout recyclé, non. Il travaille pour moi comme pour les magasins cheap de la région qui vendent des tacos… !

 

 

Est-ce que tu couds toi-même tes drapeaux ? Où les trouves-tu ?

Je ne couds pas moi-même, je travaille avec une couturière professionnelle (je ne suis pas douée du tout pour la couture). J’achète mes drapeaux dans des vide-grenier, je les trouve un peu partout, sur les toits, dans les cours… Je ne suis jamais à court de drapeaux…

 

Est-ce que tu peux commenter le titre "Sex Comedy" ? Quelle est cette comédie dont tu parles ?

La plupart des tragédies que rencontre le genre humain tourne autour du sexe. Les familles elles-mêmes se détruisent à ce sujet. Les cités se sont embrasées autour d’histoires de sexe. Le sexe a tellement de pouvoir que cela en devient comique je trouve.

 

 

Quelles sont les sources d’influence que tu as utilisées pour "Sex Comedy" ?

Je me suis inspiré de l’absurdité de la lenteur des gens à entrer dans la vie. Le contexte un peu poisseux qu’est la vie. Le désir d’être aimé et d’être perçu comme quelqu’un d’unique. Les égos surdimensionnés des gens qui n’ont rien fait...

 

Quel est l’esprit de ton exposition ? Quelles sont les pièces que tu es particulièrement fier de montrer ?

L’exposition s’inspire de ma réaction à la culture américaine et à la fausseté de la nature humaine (rires) ! Si j’avais à choisir une pièce préférée dans l’expo ce serait sans doute la grille sur laquelle est écrit PEOPLE ARE THE PROBLEM. Ou alors cela pourrait être aussi le drapeau américain sur lequel est inscrit SEX COMEDY.

 

Texte : Léa Chauvel-Lévy.


Cali Thornhill Dewitt - "Sex Comedy"

Curated by Michael Dupouy
Jusqu’au 31 Mai. 
Galerie Derouillon
38 rue Notre Dame de Nazareth
75003 Paris 

 

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