Le post-modernisme est un mot fourre-tout dans lequel on a d’ailleurs tout fourré. En art, il présuppose qu’il y ait eu un modernisme, et que celui-ci se soit terminé pour donner lieu à une suite, dénommée post-modernisme. Réappropriation, détournement, dilution de l’auteur sont les grandes lignes qui caractérisent ce mouvement né fin 70, début 80. Il n’est sans doute pas innocent s’il coïncide avec l’émergence du Hip-Hop dans le monde, sorte de version musicale du mouvement avec sampling, cutting et remixage. Définitivement, utiliser le travail des autres n’est pas n’est pas signe de manque de créativité ou de mort du créateur : bien au contraire.
Tony Just a d’ailleurs su parfaitement mélanger les deux univers. En reprenant des graffs et en les réinterprétant en pastels sur papier notamment, il offre une nouvelle vision de la réintégration des signes urbains dans le champ de l’art. Loin de se contenter de les reproduire sur les murs blancs de la galerie et ainsi feindre une fausse prise de possession territoriale, le geste artistique de Just passe par le changement de médium. Pastel sur papier contre bombe sur béton, l’artiste américain rematérialise les notions de conservation, de fragilité, d’éphémère et de lutte. La série des After Picasso, Eliasson ou Haring montre bien qu’il a parfaitement intégré les relations liant l’art « classique » à une démarche plus en marge des circuits traditionnels. Un retournement des valeurs, comme un clin d’œil au post-modernisme originel, né dans l’architecture et de sa redéfinition de l’urbanisme : comme le graff finalement.
Tony Just : à (re)découvrir à la galerie Maisonneuve, du 18 octobre au 15 novembre 2008 pour son exposition solo « Paris syndrome ».